Alpestres (2)
Dana Hilliot
Il tente de retrouver ses départs par divers moyens et chemins, dont
l’écriture. Son récit, au demeurant, part d’un repas de
famille, où des histoires sont racontées. Lui, il reste seul. Il
écrit. Il évoque une voiture volée, l’éventualité de
travailler au chantier d’une station, des lieux alpestres, des
personnages… Il remonte plus tôt, puis plus tôt encore, il va à
la recherche d’un temps pas perdu, mais pas retrouvé, qui existe à
vif par l’écriture, fait boucle, met en marche les phrases, comme
le lecteur, qui part, heureusement seul, à travers ces Alpestres, et
dans un grand morceau de France, familière et réinventée, toujours
antérieure, et à venir, qui est la langue, régulière et folle à
force de rythme, par l’insistante aventure d’un désir d’écrire.
Bien entendu, des femmes paraissent. Hélène naturellement, qui
donne un seul baiser au narrateur, mais qu’il manque en raison de
son impatience et d’une dernière nuit qu’elle accorde à un
homme. Sa mère, évidemment, à qui il demande paroles, comme au
fond de la mort. On songe à Ulysse, sans mythologie, avec chemin
retour, ressacs, vertiges, et luttes réelles. Tout se lit, se
retourne, se perd et se trouve, mobilis in mobile, dans le
texte, qui se boucle sur un repas de famille, qui est l’origine et
le cours du monde, puisqu’il faut toujours se mettre à table avec
l’intime lointain pour pouvoir ne pas dire, donc écrire, jusqu’aux
derniers mots, « l’incroyable quand on y pense ».
(Yves Le Pestipon)
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